L'Oeil & l'Encre
des textes sur des images
N°6
Clément
SOUDAIN SOUS-DIRE
Je me souviens d’un lieu dénué de séjour
Le vent me le soufflait J’y reprenais haleine
Et puis m’en éloignais - Mais jamais pour toujours
Savais-je au renouement programmé des semaines
C’était un lieu croisé - traverses flux détours -
Où je me retrouvais sans mérite et sans peine
Repaysé troquant des réseaux de parcours
Contre un laps de couleurs de sa tournante aubaine
Tenait-il de la mer - et courbe et balancé
Et grave et lumineux par des soleils froncé
Songeur sans but et comme irradiant de non-joie -
Oui quand je le longeais d’atermoiements dépris
Déserteur impromptu d’un trop vieux bord bleu-gris
Mais la mer n’eut jamais de chromatiques voies
Annie
Mundus est fabula... le reflet comme image inversée, trouble et troublante d'un monde où il est parfois délicat d'effectuer le partage entre ce qu'il est convenu d'appeler le réel et son image... Dès lors, sur quoi faire fond ? Monde vacillant, illusion, évanescence... Ici, nulle symétrie classique, harmonieuse, entre le réel et son double, attestant la perfection du monde.
Espace urbain, résolument contemporain, lignes parallèles soumises aux lois des fluides. Espace de la vitesse tout autant que celui de la rêverie, évoquant pour moi Chungking express, dont je garde un souvenir lui aussi vacillant : fantaisie, solitude urbaine, onirisme et rythme parfois échevelé.
Monde flottant, alliance de l'eau et du ciel en un reflet. Présence, aussi, d'une passerelle comme lien entre deux terres, deux rives, peut-être entre deux mondes : je me plais à deviner, comme pendant à l'immeuble, sur l'autre rive, une paisible pagode, témoin d'un temps dont il y a sans doute peu à regretter... Juste un objet de rêverie dont il y a lieu de s'inspirer pour mieux régénérer le présent... A minima, puisqu'il faut être absolument moderne...
Richard
Les contours d’un nouveau destin,
Le dessin d’une nouvelle vie,
D’une autre vie, celle que je veux au plus profond de mon être,
Celle que je n’ai pas su écouter,
Cette vie n’est pas la mienne,
Elle est celle que l’on a tracée pour moi,
On a dérobé mes crayons, on a changé mes mines et on m’a fait dessiner une vie, pas la mienne,
On ? Tous sauf moi,
Je n’existe pas, je suis celui qu’on a voulu que je sois, pas celui que j’aurais dû être,
Je vais travailler mon dessein, penser les nuances et les faire glisser délicatement sur une page blanche, vierge,
Vierge, car tout est à redéfinir, tout est à colorier,
Mon dessin se parera des plus belles couleurs, mes couleurs, ma vie.
G
"Time" -
Hans Zimmer.
Inception soundtrack
Le monde dans un miroir. L'envers du décor. La face cachée. Le ciel dans l'eau. Le coeur dans l'ame.
Je voudrais pénétrer tes reves et y déposer une idée.
Elle germerait au plus profond de ton inconscient. Tu la penserais réelle. Elle te semblerait naturelle et découlant d'un raisonnement personnel.
Dans cette idée, nous serions un et indivisible.
Il y aurait mille soleils et nous juste en dessous, touchés par la grace de ces lumières.
Il y aurait tes yeux plongés dans les miens, mes pensées dans ta tete, ma chaleur dans tes mains.
Dans un champ verdoyant, nous regarderions le ciel, allongés, et nous pourrions voir les villes plongées dans l'eau de la voie lactée, inventée par nous.
Tu serais céleste, et je serai ton feu sacré.
Nous pourrions etre seuls ou une multitude. En fermant les yeux, le temps s'arreterait.
Cette musique, conquérante autant que résignée, serait un hymne.
La vie aurait autant de sens que la mort. Elles s'inverseraient, sans aucun doute, autant que les identités que nous pourrions inventer pour etre libres.
Dans ce monde induit par mon reve au creux de ton esprit, il n'y aurait plus de contraintes, plus de chaines à nos chevilles.
Nous pourrions flotter, et voler, et plonger, dans les nuages.
Pour toi, je détruirais le réel et créerais un royaume n'ayant d'autres limites que celles de nos imaginations couplées vers un reve commun.