N°8

 

Clément 5/2012

 

      Brefs des rideaux

  (Douze petits essais d’estampes)

 

 

Dans la chambre à peu près close

où l’air passe

les rideaux qui rêvent

       ***

Tamisé par un maillage

et le chas de l’œil

jour qui entre

       ***

L’effraction douce des feuilles

fait trembler

les rideaux à peine

       ***

Contrepoint

la mouche agrippée

accroît la fenêtre

       ***

Dehors dedans réversibles

dans les yeux

un nouveau voyage

       ***

Solution de l’immobile

l’air s’en prend

aux rideaux qui pendent

       ***

 

 

Tirez les rideaux

sans brutaliser les branches

qui les signent

       ***

Un rideau frôlait

la fenêtre

Où est son déhanchement

       ***

Menu son d’insecte

a dédrapé le silence

Volants calmes

       ***

Gardez votre immensité

Ces deux rideaux simples

en sont une

       ***

Nuit penchée

Qu’a-t-elle à me dire

voilée d’un peu de lumière

       ***

Moins regarder pour mieux voir

posé sur un pan

le vent souple 

 

 

 

Annie

Avant/ après

Symbole évident d'un passage.

Image d'une vitre divisée en un avant et un après.

Vitre d'une demeure abandonnée, d'une dépendance, d'un garage, … s'ouvrant sur un champ ou un jardin. 

Noirceur d'une zone bien délimitée, située du côté du passé, à l'obscurité très matérielle ; je pense à une vitre fêlée enduite de peinture s'étant légèrement craquelée, à de l'encre de Chine, peut-être à un filtre... Aspect charbonneux laissant toutefois apparaître un peu de lumière. Noirceur d'un passé abîmé à l'horizon pourtant dégagé.

Lumière, ciel et feuilles d'arbre du côté du présent, ou bien de l'avenir. La fêlure de la vie/ vitre perdure dans cette partie de la photographie : conscience attendrie de l'évanescence en un monde contemplé dans l'euphorie de celui/ celle qui revient de loin, convalescent/e ou ressuscité/e.